Gintarė Baltruchina (1964 – 2016), restauratrice d’images
et lanceuse d’alerte.
Elle a payé de sa vie son engagement pour la vérité.

Qui est Gintarė Baltruchina ?
GintarėBaltruchina naît en 1964 d’un père russe et d’une mère lituanienne. Elle entre en 1992 au Gosfilmofond, l’organisme de conservation audiovisuelle de la Fédération de Russie. Elle y travaillera jusqu’en 2016 en tant que spécialiste en restauration d’images.
Dès 2002, elle est régulièrement sollicitée par les agences de renseignement russes (FSB et GRU) pour restaurer des vidéos confidentielles, dans le cadre d’accords passés avec le Gosfilmofond. Ce qu’elle y découvre la marque profondément et durablement.
Sans rien à personne, elle prend alors la décision de réaliser des copies de chaque enregistrement fourni, constituant au fil des années une impressionnante collection d’images sensibles.
A partir de 2008, Gintarė décide de collaborer clandestinement avec plusieurs ONG, au péril de sa vie. Parmi les vidéos transmises :
- Des images de camps de détention illégaux en Tchétchénie (2008 – 2010), adressées à l’ONG Memorial.
- Des vidéos de bombardements de zones civiles en Syrie par l’armée russe (2015 – 2016), confiées à Human Rights Watch et Amnesty International.


Un décès encore inexpliqué
En mai 2016, Gintarė craint d’avoir été identifiée par les autorités russes comme la source de certaines fuites. Elle quitte précipitamment Moscou et se réfugie à Vilnius.
Le 28 juillet 2016, elle meurt après une chute du sixième étage. Les autorités lituaniennes concluent à un suicide. Mais plusieurs éléments troublants interrogent :
- L’autopsie révèle un arrêt cardiaque survenu avant l’impact, laissant penser qu’elle était déjà inconsciente ou décédée avant de tomber.
- Son ordinateur et son téléphone n’ont pas été retrouvés sur les lieux.
- Aucun comportement suicidaire n’avait été noté.
- Quelques jours après le drame, Gintarė devait rejoindre son mari et ses deux enfants sur la péninsule de Courlande. Par sécurité, ils avaient pris des dispositions pour que ce voyage ne soit connu de personne.

La Fondation
Créée fin 2016, la Fondation Gintarė Baltruchina poursuit deux objectifs complémentaires :
- Faire la lumière sur les circonstances de sa mort,
- Protéger celles et ceux qui, comme elle, prennent des risques pour révéler des violations graves des droits humains impliquant l’État russe.
Dernières actualités
Décembre 2016
Création officielle de la Fondation Gintarė Baltruchina à Vilnius.
Début de la collecte de témoignages, d’archives personnelles, et de documents médicaux liés à la mort de Gintarė.
Février 2017
Première demande de réouverture de l’enquête adressée au Parquet général de Lituanie, accompagnée d’un rapport médico-légal indépendant soulignant des zones d’ombre.
Avril 2017
Rejet de la demande par le Parquet général.
Mai 2017
La Fondation publie un rapport détaillé intitulé “Gintarė, un silence gênant”, remis à plusieurs députés européens.
Juillet 2017
Dépôt d’un recours devant la Cour Constitutionnelle de Lituanie, arguant d’un manquement de l’État à son obligation de protéger un témoin à risque réfugié sur son territoire.
Novembre 2017
Le recours est jugé irrecevable par la Cour Constitutionnelle.
Mars 2018
Saisine de la Sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen, dans le cadre d’un rapport sur la protection des lanceurs d’alerte. La fondation remet un dossier confidentiel sur d’autres cas de représailles contre des techniciens civils ayant collaboré involontairement avec des agences de renseignement russes.
Octobre 2019
Plainte formelle déposée devant le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, soutenue par une coalition d’avocats spécialisés dans la défense des lanceurs d’alerte.
Février 2020
Lettre ouverte adressée au Président de la République de Lituanie Gitanas Nausėda, demandant un statut officiel posthume de lanceuse d’alerte pour Gintarė Baltruchina, et un engagement gouvernemental à soutenir les dissidents russes exilés.
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justice@gintarebaltruchina.org